Guide de 15 églises à visiter à Paris
- Mohamed Sahraoui
- il y a 6 jours
- 7 min de lecture
Paris se raconte à travers ses monuments, et peut-être plus encore à travers ses églises. Loin d'être des édifices figés dans le temps, elles sont les témoins vivants de l'évolution de la ville, de ses styles, de ses révolutions et de ses aspirations.

Chaque porte poussé est une promesse : celle d'un voyage dans le temps, d'une pause hors de l'agitation urbaine et d'une rencontre avec le génie des bâtisseurs. Cette sélection de 15 églises vous invite à un parcours architectural unique, des vestiges du Moyen Âge aux grandes constructions du XIXe siècle.
Du Gothique à la Renaissance : L'ADN des églises de Paris
1. Église Saint-Germain-des-Prés – La mémoire de Paris

Considérée comme la plus ancienne église de Paris, Saint-Germain-des-Prés est un livre d'histoire à elle seule. Fondée au VIe siècle, elle conserve de précieux vestiges de l'art roman dans son clocher et sa nef, une rareté dans la capitale. Pillée, incendiée puis reconstruite, elle a traversé toutes les époques. En y entrant, on ressent le poids des siècles, le souvenir de l'abbaye puissante qu'elle fut et l'écho des intellectuels qui firent la légende du quartier.
2. Église Saint-Séverin – Le chef-d'œuvre du gothique flamboyant

Au cœur du Quartier Latin, Saint-Séverin est un trésor pour les amoureux de l'architecture médiévale. Elle est l'expression la plus pure du gothique flamboyant, avec ses voûtes complexes et ses décors exubérants. Son déambulatoire est célèbre pour sa "forêt" de piliers, dont l'un, magnifiquement torsadé, est une prouesse qui laisse sans voix. Son atmosphère intime et chargée d'histoire contraste avec l'agitation des grands monuments.
3. Église Saint-Merri – L'âme rebelle du Marais

Voisine du Centre Pompidou, Saint-Merri est une autre perle du gothique flamboyant. Elle possède la plus ancienne cloche de Paris, datant de 1331. Son histoire est intimement liée à celle du Marais. Elle fut même le théâtre de violents combats lors de l'insurrection républicaine de 1832, un épisode immortalisé par Victor Hugo dans Les Misérables. Elle incarne un Paris populaire, artistique et parfois rebelle.
4. Église Saint-Germain-l'Auxerrois – La paroisse des Rois et des artistes

Face au Palais du Louvre, Saint-Germain-l'Auxerrois fut pendant des siècles la paroisse des rois de France et des artistes qui travaillaient au palais. Son architecture est un superbe mélange de styles, mais elle reste tristement célèbre pour un événement tragique : c'est de son clocher que serait parti, en 1572, le signal du massacre de la Saint-Barthélemy.
5. Église Saint-Étienne-du-Mont – L'écrin du dernier jubé de Paris

Cachée derrière le Panthéon, cette église est un joyau unique. Saint-Étienne-du-Mont se distingue par son mélange harmonieux des styles gothique et Renaissance. Mais son trésor absolu est son magnifique jubé de pierre finement sculpté, datant du XVIe siècle. C'est le dernier visible à Paris, un chef-d'œuvre de délicatesse qui enjambe la nef. L'église abrite également la châsse contenant les reliques de sainte Geneviève, la patronne de Paris.
6. Église Saint-Eustache – La cathédrale des Halles

Avec ses dimensions de cathédrale, Saint-Eustache domine le quartier des Halles. Son architecture est fascinante : sa structure est celle d'une grande église gothique, mais tout son décor intérieur (colonnes, chapiteaux) parle le langage de la Renaissance. Ce dialogue entre deux styles lui confère une âme unique. Son grand orgue, l'un des plus prestigieux de France, en fait un haut lieu de la musique sacrée.
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7. Église Saint-Roch – La paroisse des artistes et des philosophes

Située sur la prestigieuse rue Saint-Honoré, Saint-Roch est surnommée "la paroisse des arts et des lettres". Son histoire est marquée par la Révolution française : c'est sur ses marches que le jeune général Bonaparte réprima une insurrection royaliste. L'intérieur, d'un style classique et baroque, abrite les sépultures de nombreuses personnalités comme Corneille, Le Nôtre ou Diderot, en faisant un véritable mémorial de la culture française.
8. Église Saint-Paul-Saint-Louis – Le faste du baroque jésuite

Dans le Marais, cette église est le plus bel exemple du style baroque à Paris. Commandée au XVIIe siècle par Louis XIII pour les Jésuites, sa façade haute et richement ornée et son dôme lumineux étaient conçus pour impressionner les fidèles et affirmer la puissance de la Contre-Réforme. Victor Hugo y maria sa fille Léopoldine, ajoutant une touche romantique à l'histoire de ce monument phare.
9. Église Saint-Sulpice – La grandeur monumentale et ses mystères

Saint-Sulpice est un géant de pierre d'une sobriété classique et monumentale, célèbre pour ses deux tours volontairement inachevées. L'intérieur est tout aussi impressionnant par ses volumes. Il faut y admirer les trois peintures magistrales d'Eugène Delacroix dans la chapelle des Saints-Anges et écouter son grand orgue Cavaillé-Coll, un chef-d'œuvre absolu de la facture instrumentale.
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10. Église de la Madeleine – Un temple impérial au cœur de Paris

Son apparence est unique : avec ses 52 colonnes corinthiennes, La Madeleine ressemble à un temple antique. Et pour cause : Napoléon Ier la destinait à devenir un temple à la gloire de sa Grande Armée. Le projet changea après sa chute et le monument fut finalement consacré comme église. Ce style néoclassique grandiose en fait l'un des édifices les plus singuliers et reconnaissables de la capitale.
11. Église Saint-Vincent-de-Paul – Le panorama néoclassique

Située sur une hauteur qui domine la Gare du Nord, l'église Saint-Vincent-de-Paul est un exemple majeur de l'architecture néoclassique du XIXe siècle. Accessible par un monumental escalier, sa façade est encadrée de deux tours carrées. L'intérieur surprend par sa longue frise peinte par Hippolyte Flandrin, qui court tout le long de la nef et représente une procession de saints, une œuvre magnifique et enveloppante.
12. Église Saint-Augustin – L'audace du métal et de la foi

Conçue par Victor Baltard, l'architecte des Halles, Saint-Augustin est une révolution pour son époque. C'est l'une des premières églises de Paris dont la structure métallique est entièrement assumée et visible. Cette ossature en fer et en fonte, une prouesse technique du Second Empire, permet de créer un volume intérieur immense, sans les contreforts traditionnels du style gothique. Son style éclectique, mêlant influences byzantines et romanes, et son dôme impressionnant en font un point de repère du Paris haussmannien.
13. Église de la Sainte-Trinité – Le faste de l'Opéra et l'inspiration Renaissance

L'église de la Sainte-Trinité est un symbole du faste du Second Empire. Construite en même temps que l'Opéra Garnier, elle partage son goût pour le spectaculaire. Son style s'inspire largement de la Renaissance italienne, avec une façade très ornementée et un intérieur richement décoré. Placée au carrefour de plusieurs grands axes, elle servait d'écrin spirituel au nouveau quartier de la bourgeoisie d'affaires et des arts.
14. Église Saint-François-Xavier – La majesté classique et le trésor du Tintoret

Plus sobre que la Trinité, l'église Saint-François-Xavier impose sa majesté classique dans le chic 7e arrondissement. Également issue du Second Empire, elle se distingue par son dôme puissant et son plan en croix latine qui offre de belles perspectives. Les amateurs d'art y viennent pour admirer un trésor inestimable : La Cène, un chef-d'œuvre du grand maître vénitien Le Tintoret, qui illumine l'une des chapelles de sa lumière dramatique.
15. Église Saint-Ambroise – Le style éclectique du Paris haussmannien

Construite sous le Second Empire, Saint-Ambroise est un parfait exemple de l'éclectisme architectural de l'époque haussmannienne. L'architecte Théodore Ballu y a mêlé les styles néo-roman et néo-byzantin pour créer un édifice robuste et harmonieux, surmonté de deux tours et d'un dôme. C'est l'une des grandes églises de quartier de l'Est parisien, emblématique des transformations de Paris au XIXe siècle.
15 églises à Paris avec 15 émerveillements
Ce voyage à travers 15 églises parisiennes révèle la richesse et la diversité d'un patrimoine souvent méconnu. De l'intimité flamboyante de Saint-Merri à l'opulence de la Sainte-Trinité, chaque monument raconte une histoire, un style, une époque. Ils sont la preuve que Paris s'est construit autant par la foi et l'art que par le pouvoir et le commerce. Au-delà de leur fonction spirituelle, ces édifices sont des lieux de mémoire ouverts à tous, offrant au visiteur curieux une inépuisable source de découverte.
FAQ
Q : La visite de ces églises est-elle gratuite ?
R : Oui, toutes les églises de cette liste sont en accès libre et gratuit, car ce sont des lieux de culte actifs. Il est simplement demandé de respecter le silence et les offices en cours. Des concerts (notamment d'orgue) y sont souvent organisés, et ceux-ci peuvent être payants.
Q : Quel est le meilleur moment pour visiter ces églises ?
R : Pour apprécier le calme et la lumière, privilégiez une visite en semaine, le matin ou en milieu d'après-midi. Le week-end, les messes peuvent limiter l'accès à certaines parties de l'édifice. Pour les églises réputées pour leurs vitraux comme Saint-Séverin ou Saint-Étienne-du-Mont, une journée ensoleillée sublimera votre visite.
Q : Quelle est la principale différence entre une église gothique et une église Renaissance en France ?
R : La grande différence tient au passage d’une esthétique de la verticalité et de la lumière divine (gothique) à une esthétique de l’harmonie, de la proportion et de la raison humaine (Renaissance). Le gothique privilégie arcs brisés, ogives et arcs-boutants pour élever ses églises ; la Renaissance réintroduit l’arc en plein cintre, les coupoles et un décor antique (colonnes, frontons). À Paris, nombre d’églises mêlent ces deux styles.
Q : Pourquoi y a-t-il moins d'églises purement Renaissance à Paris que de châteaux dans la Loire ?
R : La style Renaissance en France fut d’abord un art royal et aristocratique : les grands chantiers de Chambord ou de Fontainebleau servaient de laboratoires au nouveau style. À Paris, les églises, financées par les paroisses ou les corporations, restaient plus fidèles au gothique. Beaucoup de chantiers religieux, déjà commencés au Moyen Âge, furent simplement adaptés en intégrant des éléments nouveaux plutôt que repensés entièrement.
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